Madeleines marbrées au thé matcha

Le week end dernier, j’ai eu moins de temps que d’habitude pour cuisiner, et j’ai une fois de plus tenté de faire des Mannele pour le petit déjeuner. Un fiasco absolu, pour la seconde fois, comme quoi, il ne suffit pas d’appliquer à la lettre la recette de tel ou tel grand chef pâtissier pour se transformer en génie des viennoiseries...

Du coup, je me suis rabattue sur un classique, cher à Marcel Proust : j’ai nommé la madeleine.

Cette fois-ci, j’ai pris une recette basique que j’ai customisée avec du thé matcha pour les marbrer. J’avais ce petit pot de poudre verte qui traînait dans le placard depuis un moment.

C’était très en vogue il y a quelques temps et je m'étais ruée dessus (comme la fève tonka, les syphons et autres coups de cœur éphémères des foodistas – inconstantes que nous sommes...).

Je me suis dit que ça pourrait changer, et hop, c’était parti pour des madeleines marbrées.

J’ai été déçue par le visuel, car je pensais que le vert se verrait plus. Le goût en revanche était bien celui des madeleines, et la texture légère et un peu spongieuse. Le genre de madeleine qui aurait plu à Marcel :

Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulées dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel.

Marcel Proust, Du côté de chez Swann

Allez, on ferme le chapitre littérature et place à la cuisine :

Pour une dizaine de madeleines :

• 2 œufs
• 90 g de sucre
• 100 g de beurre fondu
• 100 g de farine
• 1 cuillère à café de levure chimique
• 2 cuillères à café de thé matcha

Faire fondre le beure au micro ondes puis le laisser reposer.

Battre (au batteur c’est moins fatigant) le sucre et les œufs jusqu’à ce que le mélange double de volume. Ajouter le beurre, puis la levure et la farine. Séparer la pâte en deux et dans une moité, ajouter le thé matcha et mélanger.

Remplir les moules à madeleines en alternant : une cuillère de pâte nature, une cuillère de pâte au thé.

Mettre les moules au frigo une demi heure (il paraît que c’est ce qui aide à former la bosse. Cette fois-ci ça n’a pas marché mais j’ai renoncé à essayer de comprendre pourquoi).

Préchauffer le four à 210°C. Enfourner les madeleines puis baisser de suite la température à 160°C. Laisser cuire une quinzaine de minutes, vérifier la cuisson, ajuster si nécessaire.

Démouler, laisser refroidir et déguster avec un bon thé et un bon polar (oui, parce que Proust, sincèrement, j’ai essayé de nombreuses fois mais j’ai toujours bloqué à la page 50…).