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Epices et fonds de placards
3 décembre 2021

Langue de boeuf sauce aux câpres et au vin rouge

couverture

J’en ai déjà parlé ici, il y a certains abats que je n’aime pas : le foie, les rognons, le cœur.

En revanche, je raffole de tous les autres, surtout les plus cracras : les tripes (#landouillettecestlavie), les pieds de porc, le museau, les oreilles confites et…. La langue, notamment la langue de bœuf.

Alors c’est sûr que de visu, ça ne fait pas du tout envie, hein, mais il ne faut jamais se fier aux apparences.

 

viande crue

En effet, nous, les filles, depuis toute petite, on apprend que les crapauds peuvent se changer en princes charmants. Gamine, j’adorais ce concept et depuis, j’ai lu Despentes et j’ai vécu. J’ai compris que cette histoire de crapaud a été inventée par des mecs afin que même les plus éloignés des critères de beauté physique (imposés par eux-mêmes rappelons-le) puissent prétendre séduire les femmes les plus proches des critères de beauté physique (toujours imposés par les mecs = les bombasses en somme)*.

Ben la langue de bœuf, c’est un peu le crapaud des abats, la cendrillon des aliments repoussants : un coup de baguette magique et ça se transforme en plat qui te fait grimper au 7ème ciel gustatif en une seule bouchée. Et heureusement, parce que je suis la seule à en manger à la maison.

L’Homme ne peut pas en avaler un morceau car « rien que de savoir que c’est de la langue, ça me dégoûte ». Alors qu’il s’enfile sans ciller des rognons rosés, du foie rosé et des andouillettes. Respectivement : filtre à urine, filtre à toxines et tuyau à caca… 

Les enfants étaient prêts à en manger la dernière fois, mais leur père ayant décrété que « la langue c’est dégueu », ils ont refusé de goûter.

Il a donc fallu que je ruse, et pas qu’un peu. Déjà, cuire la langue de bœuf lorsque je suis seule à la maison. Ensuite, éplucher la grosse peau, ça, c’est la base, mais avec un couteau fin, retirer la première couche, celle où on voit encore les papilles, parce que c’est cette foutue couche qui permet d’identifier la langue au premier coup d’œil, et c’est à cause d’elle que ce morceau est tant victime de discrimination.

Ensuite, il fallait trouver une sauce assez enveloppante pour qu’elle enrobe bien la viande pour la rendre méconnaissable, et assez relevée au cas où on reconnaitrait la finesse de la saveur de la langue. Mais pas trop non plus pour ne pas flinguer le plat, parce que si on ne sent plus le goût, ben autant manger un autre morceau.

Comme j’ai plein de bouteilles de vin rouge ouvertes, j’ai opté pour une sauce au vin rouge bien corsé.

Si vous vous demandez ce que je fous avec « plein » de bouteilles de rouge ouvertes, c’est simple : ce sont les bouteilles bouchonnées qui ont passé 10 ans dans la cave de l’immeuble parce que l’Homme « n’avait jamais le temps d’aller les rechercher ». A chaque fois, j’en ouvre une dans l’espoir qu’elle sera buvable mais non, alors je stocke pour faire de bonnes sauces.

Pour que ça passe, j’avoue, j’ai menti. Quand l’Homme m’a demandé ce que c’était comme viande, j’ai dit, sans ciller (on m’appelle Poker Face) : « c’est du paleron ». J’avais bien réfléchi avant et je me suis dit que visuellement, c’est le morceau qui ressemble le plus à la langue. En tout cas, ma réponse a semblé le satisfaire et il a tout mangé. Sans moufter.

Voici donc la recette, parce qu’accessoirement, c’était super bon.

Ingrédients (pour 4 personnes)

  • 1 demi langue de bœuf
  • 1 poireau
  • 1 carotte
  • 2 oignons
  • 4 gousses d’ail
  • 2 cuillères à soupe de concentré de tomates
  • 50 cl de vin rouge corsé
  • 3 cuillères à soupe de câpres

Dans une grosse marmite, déposer la langue et la recouvrir d’eau froide.

Porter à ébullition, laisser bouillir 5 minutes en écumant, puis égoutter.

Jeter l’eau, remettre la langue dans la marmite, recouvrir d’eau, ajouter 2 cuillères à café de gros sel, le poireau coupé en tronçons, la carotte coupée et une cuillère à café de poivre steak.

Porter à ébullition puis, à partir de l’ébullition, laisser cuire à feu moyen au moins deux heures. La langue doit être moelleuse lorsqu’on enfonce une lame dans la partie la plus charnue.

Laisser tiédir dans le bouillon, puis retirer la peau de la langue et la couper en grosses tranches d’environ 1 cm d’épaisseur. Remettre les tranches de langue dans le bouillon.

Dans une cocotte en fonte, faire revenir les oignons émincés dans un petit morceau de beurre et une cuillère à soupe d’huile. Lorsque les oignons sont fondants, les retirer avec une écumoire et faire dorer les morceaux de langue, puis remettre les oignons.

Mélanger, verser le vin et porter à ébullition. Prélever 50 cl du bouillon dans lequel a cuit la langue, délayer le concentré de tomate dans le bouillon et verser le mélange dans la cocotte. Saler, poivrer, mélanger. Couvrir puis enfourner à 150°C pour au moins deux heures. La viande doit être très moelleuse. Si elle ne l’est pas assez, il faut prolonger la cuisson.

Lorsque la viande est cuite, ajouter les câpres et prolonger la cuisson de 10 minutes.

Servir avec du riz basmati, de la polenta, une purée, des pommes vapeur, des pâtes fraîches…

 

fin post

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*"Plaire aux hommes est un art compliqué, qui demande qu’on gomme tout ce qui relève de la puissance. Pendant ce temps, les hommes, en tout cas ceux de mon âge et plus, n’ont pas de corps. Pas d’âge, pas de corpulence. N’importe quel connard rougi à l’alcool, chauve à gros bide et look pourri, pourra se permettre des réflexions sur le physique des filles, des réflexions désagréables s’il ne les trouve pas assez pimpantes, ou des remarques dégueulasses s’il est mécontent de ne pas pouvoir les sauter. Ce sont les avantages de son sexe. La chaudasserie la plus pathétique, les hommes veulent nous la refiler comme sympathique et pulsionnelle. Mais c’est rare d’être Bukowski, la plupart du temps, c’est juste des tocards lambda. Comme si moi, parce que j’ai un vagin, je me croyais bonne comme Greta Garbo. Etre complexée, voilà qui est féminin. Effacée. Bien écouter. Ne pas trop briller intellectuellement. Juste assez cultivée pour comprendre ce qu’un bellâtre a à raconter." (Virginie Despentes, King Kong Théorie)

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